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Le « plan de paix » de Trump pour le Moyen-Orient

Dernière mise à jour : 9 mars 2020

L’« accord du siècle » ou une violation du droit international ?


« Les Palestiniens rateraient encore une opportunité, comme ils ont raté toutes les opportunités qu’ils ont jamais eues dans leur existence ». C’est en ces mots que Jared Kushner, haut conseiller à la Maison Blanche et auteur principal du projet américain, s’exprime sur CNN évoquant le plan de découpage proposé par l’administration de Donald Trump, présenté comme le « deal du siècle » afin de régler le conflit israélo-palestinien.


Dévoilé mardi 28 janvier, en présence du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, la vision de Trump pour une « paix » répond prioritairement aux préoccupations israéliennes. Si les responsables israéliens voient dans cette proposition un plan historique, le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a rejeté ce plan, tout comme le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.


Alors que les droits des Palestiniens, consacrés par le droit international et humanitaire, sont souvent oubliés, le conflit israélo-palestinien reste une question complexe dans la scène régionale, sans réelles solutions jusqu’à nos jours. Pour comprendre ainsi cette marche interminable des Palestiniens, depuis presque un siècle, vers la reconnaissance officielle d’un Etat avec Jérusalem comme capitale, il faut remonter au début du XXe siècle.


Un interventionnisme permanent des puissances occidentales


En 1917, en pleine Première Guerre mondiale, le ministre des affaires étrangères britannique, Arthur Balfour, exprime ouvertement le soutien de son pays à la création d’un « foyer national » pour le peuple juif en Palestine. Cette décision entraîne une immigration juive massive dans cette région du monde. C’est à partir de cette date que commence une longue série de guerres où, à plusieurs reprises, les Palestiniens lutteront pour préserver leur souveraineté sur leurs territoires, sans succès jusqu’à aujourd’hui.


En 1947, les Nations Unies approuve un premier plan de partage prévoyant deux Etats, un Etat juif et un Etat arabe, et un statut international pour Jérusalem. Un an plus tard, l’Etat d’Israël est proclamé par Ben Gourion. Les Palestiniens doivent désormais accepter de vivre dans deux territoires, la bande de Gaza et la Cisjordanie. Un exil massif et forcé de milliers d’habitants a accompagné la création de ce nouvel Etat juif.


C’est principalement après la guerre des Six-Jours en 1967, qu’Israël, soutenu par les Etats-Unis, annexe complètement ces deux territoires. Depuis cette date, les actes de violence et les activités de colonisation israéliennes ne cessent de se produire. En 1993, un premier espoir de paix durable est apporté aux Palestiniens, avec les accords d’Oslo rédigés sous la tutelle des Etats-Unis, qui leur reconnaissent une véritable autonomie dans certains territoires. Cependant, ces accords sont un échec.


C’est dans ce contexte, toujours aussi complexe, que Trump dévoile son plan, favorisant la colonisation israélienne des terres palestiniennes, menée de façon continue par tous les gouvernements israéliens. Le projet de l’administration américaine apparaît autant unilatéraliste qu’interventionniste. L’absence des Palestiniens à Washington le 28 janvier en est une preuve.


Ainsi, depuis le début de ce conflit, une chose est sûre : l’interventionnisme de plus en plus poussé des puissances occidentales dans le conflit israélo-palestinien anime un climat d’hostilité permanent dans la région, rendant l’établissement d’une paix durable compliqué. Tout au long du XXe siècle, le peuple palestinien s’est battu pour être comme un peuple et ce, jusqu’à aujourd’hui.


Un « gruyère suisse » selon le président palestinien Mahmoud Abbas


Le président de l’Autorité palestinienne a rejeté le plan de paix qui ferait de l’Etat palestinien un « gruyère suisse », selon lui. « Nous rejetons le plan israélo-américain » qui « remet en question les droits légitimes des Palestiniens », affirme-t-il devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, le mardi 11 février. Il souhaitait, en appelant « la communauté internationale à faire pression sur Israël » empêcher la mise en œuvre de ce plan. Or, au fil du temps, la cause palestinienne semble de plus en plus délaissée. Le manque de réaction internationale face à ce plan dit « de paix » et la relative indifférence confortent surtout la politique de colonisation menée par Israël, premier bénéficiaire de ce projet.


Officiellement, le plan de Trump s’inscrit dans le cadre d’une « solution à deux Etats réaliste », avec d’un côté l’Etat d’Israël et de l’autre la Palestine. En réalité, son projet, présenté comme le chemin de la paix au Moyen-Orient, propose un Etat palestinien qui s’étend sur moins de la moitié de la Cisjordanie et sur la bande de Gaza, sans réelle continuité territoriale. Un projet de liaison ferroviaire est prévu pour lier les deux territoires.


Alors qu’Israël conserverait Jérusalem comme capitale indivisible, la capitale palestinienne serait localisée à Jérusalem-Est, qui semble désigner la lointaine banlieue de la ville. Ce projet dénie dans les faits les droits et les revendications historiques de ce peuple : une réelle souveraineté au sein d’un Etat palestinien avec la Ville sainte comme capitale. Or, si le plan est mis en place, la future Palestine, Etat largement fragmenté, sera « totalement démilitarisée » et devra reconnaître Israël comme un « Etat juif ».


En accordant ainsi à Israël la souveraineté sur plus d’un tiers de la Cisjordanie, ce « deal du siècle » semble être au final un feu vert américain pour annexer une grande partie de ce territoire palestinien, disputé depuis 1967. Les Etats-Unis, première puissance militaire mondiale, grâce à ce plan, attribut à son premier allié dans le Moyen-Orient, la souveraineté sur un territoire qui ne lui appartient pas, rappelant la déclaration Balfour dont Arthur Koestler, journaliste britannique, a écrit : « Une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième ». Un parallèle se forme rapidement entre les deux décisions, formulées par des puissances étrangères, sans consultation préalable du peuple en question. La Palestine a été longtemps dépossédée de son histoire et privée d’un droit fondamental constituant la base même de l’Organisation des Nations Unies, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. De ce point de vue, le refus de l’Etat d’Israël de se retirer de la Palestine est sans justifications…


Basma Nabih

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