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Primaires démocrates aux Etats-Unis : le duel entre Bernie Sanders et Joe Biden

Construction d’un mur à la frontière mexicaine, interdiction d’entrée sur le territoire américain aux ressortissants musulmans de six pays, quasi-déclenchement d’une « troisième guerre mondiale » … Les décisions prises par Donald Trump, en trois ans, ont bouleversé considérablement la vie politique américaine par rapport à son prédécesseur. Néanmoins, pourrait-il décrocher tout de même un second mandat à la Maison Blanche ?


Alors que les primaires démocrates ont commencé en février, les Américains pourront-ils éviter un désastre similaire à celui de 2016 en choisissant le candidat le plus à même de battre Donald Trump ? Pour rappel, les primaires démocrates correspondent au processus par lequel les cinquante Etats fédéraux désignent le candidat du Parti démocrate à l’élection présidentielle. Ces élections interviennent au moment même où les Américains s’interrogent sur la politique de Trump et ses capacités décisionnelles. Sa négligence sur la gestion de la crise du coronavirus prend désormais une ampleur politique et met en danger sa réélection. Des enquêtes d’opinion montrent que l’électorat démocrate privilégie davantage les chances du candidat de battre Donald Trump lors des élections présidentielles du 3 novembre aux Etats-Unis, et moins les idées.

Le 3 mars, lors du « Super Tuesday », première grande séquence de l’élection présidentielle américaine, quatorze Etats, dont la Californie et le Texas, votent simultanément pour le candidat démocrate. Malgré la multiplicité des candidats, cette étape décisive a réduit les primaires à un duel entre Bernie Sanders et Joe Biden. Les autres candidats, notamment le milliardaire, Michael Bloomberg, et la sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, se sont retirés de la course en apportant leur soutien à Joe Biden. Les démocrates doivent désormais choisir entre un socialisme « radical » ou une ligne plus modérée pour combattre les Républicains, ou plus précisément pour combattre le radicalisme de droite de l’administration de Donald Trump.

Alors que la crise du coronavirus monopolise l’attention et l’actualité en permanence, je vous propose dans cet article une présentation de ces deux candidats dans la course à l’investiture démocrate et les points phares de leurs programmes respectifs. Bien qu’ils soient tous les deux des candidats démocrates et qu’ils soient en politique depuis des décennies, Sanders et Biden incarnent deux projets de société très distincts.


Bernie Sanders, « un socialisme démocratique »


Augmentation du salaire minimum, suppression de la dette étudiante, taxation des grandes fortunes… Socialiste autoproclamé, Bernie Sanders s’attaque à des sujets qui résonnent fortement au sein des classes moyennes et populaires.

Dans sa campagne, Sanders s’appuie principalement sur l’aile gauche et progressiste du Parti démocrate, et notamment sur l’élue Alexandria Ocasio-Cortez. Sur la question environnementale, il est partisan du Green New Deal, programme de lutte contre le changement climatique. De plus, un système de santé universel pour tous, le « Medicare for All », est une des questions importantes au cœur de son programme électoral. Il défend une assurance maladie universelle et gratuite pour tous, prévoyant la suppression des assurances privées. Alors que ce système est une évidence, les Républicains y sont entièrement hostiles.

La campagne de Bernie Sanders est en effet centrée sur une réflexion qui remet en question le néolibéralisme, la mondialisation capitaliste et leurs effets, d’où une phrase récurrente qui revient régulièrement dans ses discours : « Which side are you on ? ». Il dépeint la société américaine comme étant divisée entre d’un côté une superclasse de milliardaires, et de l’autre le reste des Américains. Dans une interview en 2019, il avait déclaré : « Je ne crois pas que les milliardaires devraient exister aux Etats Unis ». Sanders prévoit la création d’un impôt sur la fortune qui pourrait atteindre 8% pour les patrimoines supérieurs à dix milliards de dollars. Ainsi, alors que le sénateur du Vermont revendique un « socialisme démocratique », son programme est souvent jugé « radical » par ses adversaires, et perçu comme un vrai virage à gauche de la politique américaine s’il est élu et si ses projets sont mis en place.


Joe Biden, une vision centriste et modérée


Joe Biden incarne quant à lui une vision centriste du Parti démocrate, dans la tradition de Clinton et Obama. Pour beaucoup d’Américains, s’il est élu à la Maison Blanche, il assurerait un certain retour à la normalité.

Perçu comme le fidèle compagnon de Barack Obama, sa grande victoire lors du « Super Tuesday » tient d’ailleurs au soutien de la communauté afro-américaine de Caroline du Sud qui lui est très favorable. Ainsi, alors qu’une mort prématurée du centre a été annoncée dans les médias, Joe Biden a effectué un « comeback » miraculeux et l’emporte dans une dizaine d’Etats, notamment grâce au désistement de deux candidats centristes, Pete Buttigieg et Amy Klobuchar. Ce retournement a largement reconfiguré la compétition au sein de la gauche américaine.

Son programme est en effet plus modéré, puisqu’il ne va pas aussi loin sur certains sujets. Sur la question de la santé, Joe Biden défend complétement l’Obamacare, la fameuse loi sur l’assurance maladie obligatoire adoptée sous Barack Obama et abrogée par Donald Trump. Il souhaite octroyer une couverture publique à tous ceux qui ne disposent pas d’assurance privée. Sur la dette étudiante, même si Biden reconnait que le système universitaire est très coûteux et inégalitaire comme son rival, il est là encore plus tempéré, en proposant une multiplication des bourses étudiantes et défendant par exemple la gratuité des « community colleges », des études post bac en deux ans. Finalement, au niveau de la fiscalité, même s’il n’envisage pas un impôt sur la fortune, Joe Biden prévoit une hausse générale des impôts qui rapporterait quatre mille milliards de dollars dans les caisses de l’Etat au cours des dix prochaines années.


Vers une union du Parti démocrate ?


Alors que Sanders prône une « révolution » politique et que Joe Biden incarne plutôt un retour à l’ère de Barack Obama, les deux candidats se rejoignent sur certains points, notamment sur la réintégration des Etats Unis dans l’accord de Paris ou l’augmentation du salaire minimum à quinze dollars de l’heure.

Ainsi, faut-il combattre un radicalisme de droite par un radicalisme de gauche ou bien par une politique modérée au centre ? C’est ainsi la grande question qui occupe le débat dans le camp démocrate. Il s’agit avant tout de faire le choix le plus rationnel pour remporter les élections présidentielles en novembre prochain. Dans tous les cas, une chose est claire : le Parti démocrate semble prêt pour s’unir afin de battre Donald Trump quel que soit le candidat choisi, qui sera officiellement désigné lors de la convention démocrate de Milwaukee mi-juillet.


Basma Nabih

 

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