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#Onveutduvrai, le hashtag qui libère la beauté et encourage la diversité

Dernière mise à jour : 9 mars 2020

Dans la famille du “body positivisme”, je demande le hashtag “on veut du vrai” ! Ce dernier, qui naît de la rencontre de deux « youtubeuses » et « influenceuses », Louise et Julie, plus connues sous leur pseudo de “MyBetterSelf” et “DouzeFévrier”, apparaît aujourd’hui dans des milliers de publications et dénonce la superficialité omniprésente dans le monde de la mode, dans les médias et sur les réseaux. Ce hashtag participe au mouvement du body positivisme qui invite les femmes comme les hommes à se réapproprier leur corps, à s'accepter et à se défaire d'une pression sociale négative source de complexes. En mai 2019, Louise, ancienne étudiante à Science Po Paris, revendique en lançant le mouvement, « les marques, les médias, les publicités, ne mettent en avant qu’un certain type de physique », une société qui promouvrait la réalité et la diversité des femmes. Quant à Julie, grande brûlée, elle décrit ce nouveau mouvement comme « un élan de vérité et d'acceptation pour se battre contre les diktats du "parfait" imposés par la société et ceux des réseaux sociaux ».


La lutte du « body positivisme » se retrouve notamment dans le monde de la mode et de la publicité. Sur leur page, Louise et Julie dénoncent : « évidemment qu’on a une vision déformée de notre corps. Depuis notre enfance on a eu droit à Barbie et aux mannequins maigres comme référence de ce que la société appelle « norme » et définit comme « attirant » ». Si le milieu du mannequinat accueille aujourd’hui de nouveaux profils, ça n’a pas toujours été le cas et ce dernier a longtemps subi les critiques des « body activistes ». Victoria’s Secret, marque connue pour ses mannequins féminins très fins voire rachitiques, joue désormais le jeu des rondeurs dans ses publications et publicités. La marque a ainsi lancé une campagne en collaboration avec des mannequins grande taille dont notamment Ali Tate, qui affiche pourtant un modeste 42, les tailles standards dans le monde de la mode allant du 34 au 38. Toutefois, si les mannequins portent bien des grandes tailles sur les photos, celles-ci se font rares en magasin, et s’arrêtent la plupart du temps au 40. On peut donc se poser des questions sur l’intention réelle de la marque, promotion du « body positivisme » ou geste purement marketing ? Néanmoins, on peut féliciter Victoria’s Secret pour élargir sa diversification à d'autres aspects, d'autres types de personnes, la marque s’est également associée à Winnie Harlow,

mannequin atteinte de vitiligo, maladie de la peau se manifestant par une dépigmentation cutanée soit l'apparition de taches blanches sur différentes parties du corps ; ou encore Valentina Sampaio, mannequin transgenre. D'autres marques comme Superdry soutiennent également le mouvement, celle-ci a récemment lancé une campagne dans laquelle apparaît Amber Jean Rowan, mannequin atteinte d'alopécie, maladie faisant référence à une chute anormale de cheveux. Toutefois, si le mannequinat semble se diversifier et se naturaliser, la majorité des modèles correspondent encore au sempiternel cliché de la femme blanche, au ventre plat, à la peau lisse, perchée sur des jambes de trois mètres de haut. Alors flûte, on veut du vrai dans le mannequinat, on veut le « melting-pot » à la « fashion-week » !



Par ailleurs, si les médias et les publicités débordent de superficialité, le réel enjeu aujourd’hui reste les réseaux sociaux, qui touchent un public de plus en plus jeune. Scrollez « instagram », vous tomberez sur un petit « boule » bombé, sans cellulite, sans vergeture avec un coucher de soleil perceptible en arrière-plan si on regarde bien, ou encore, un ventre à la Spécial K laissé à l’air libre sous un croc-top pas du tout adapté à une photo de montagne en plein mois de décembre, sans parler du selfie #fraîchecommeunepêche au réveil. Le problème de ces photos “so instagrammables” n’est pas que certaines se tartinent le visage comme on tartine du pain de mie, qu’elles montrent leur derrière, leur bidon ou leurs nichons mais qu’elles prétendent être naturellement « pimpées » et bonnes en toute situation. Vous me direz “rageuse”, soit, mais si certains et certaines remarquent l’entube, d’autres, plus sensibles, plus influençables prennent ce genre de photos, de corps, de comportements pour la “norme” et finissent parfois par se sentir anormaux. Le hashtag “on veut du vrai” se dresse ainsi contre cette entube, cette entourloupe, ce gros mensonge. Par « on veut du vrai », on revendique une beauté sans diktat, sans convention, on s’oppose à un impératif de normalité infondé, on reconnaît, on respecte et on apprend à aimer la singularité.


Si les réseaux influencent la conception que les internautes ont de la beauté, il en va de même pour la masculinité, la féminité. Pour « on veut du vrai », “Il​ n’y a pas de règle, il n’y a pas de standard unique, il n’y a pas un moule dans lequel rentrer”, on peut lire ceci sous une publication montrant un homme maquillé, portant un collier de perles. Ce hashtag rejette, par la même occasion, les distinctions genrées strictes ancrées dans nos sociétés selon lesquelles une femme ça s'épile, ça se maquille et ça mange « healthy » et un homme ça transpire, ça regarde le foot et ça ne pleure pas. Finalement, avec « on veut du vrai », on veut de la minceur, des rondeurs, un bourrelet qui dépasse du jean comme un muffin, on veut du muscle, du gras, des cicatrices assumées, des peaux blanches, des peaux noires, des boutons, des poils, des mono-sourcils (#jesuisfrida), des cheveux longs, des crânes chauves, des mecs maquillés, des filles musclées, des strings ficelles, des pulls oversizes, des minis jupes, des joggings. Par « on veut du vrai », on ne veut rien de particulier si ce n'est, la liberté d'être, d'aimer et de poster.


Certains reprochent toutefois au mouvement une forme d'hypocrisie, Louise est notamment critiquée dans le sens où ce serait plus facile pour elle de prôner le « body postivisme » avec le corps qu'elle a, signifiant par-là « un corps parfait ». C'est là où ces critiques semblent infondées et vont même à l'encontre du mouvement, personne n'a plus ou moins de raison de prôner cet idéal, d'être complexé, de se sentir mal dans son corps. Une personne grosse comme une personne mince, une personne marquée par les cicatrices comme une personne handicapée, une personne qui n'aime pas son nez comme une personne qui a perdu ses cheveux, dans tous les cas, il n'y a pas plus de légitimité d'un côté que de l'autre. Aussi, on observe un courant totalement inverse, toute personne qui s'affiche bien apprêtée, tout sourire, avec une belle vie est accusée d'être superficielle. L'idée n'est pas d'être tout ou rien, l'idée est de respecter le choix de chacun. Si « on veut du vrai » revendique une certaine liberté, c'est celle de s'exposer sans maquillage comme de se montrer maquillée comme une voiture volée, celle de poster une photo en maillot de bain comme en doudoune de ski, celle de partager les mauvais comme les bons moments, celle de poster sans être angoissé de l'image que l'on va donner. Finalement, en voulant du vrai, on veut la liberté, la diversité, la fin des diktats, des normes infondées et stériles de beauté et de comportement. S’il fallait néanmoins faire un reproche à ce mouvement, je dirais simplement qu'il reste encore un peu trop centré sur les femmes, et si la société fait pression sur celles-ci, elle en fait tout autant sur les hommes et sur les personnes transgenres.


Théa

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