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Grève générale : la révolte étudiante

  • sortiedececours
  • 15 déc. 2019
  • 5 min de lecture

Depuis le 5 décembre, une grève générale et illimitée a commencé en France. Elle a ainsi suscité une vague de colère chez les étudiants, dont ceux de Paris 1 Panthéon-Sorbonne.




Une réforme des retraites en débat

Depuis que le gouvernement a annoncé un nouveau régime de retraite, de nombreux français se sont opposés à celui-ci, en dénonçant notamment la fin des régimes spéciaux qui touchent une partie de la population. C’est ainsi que les syndicats ont appelé à une grève générale et illimitée, commençant tout d’abord par les secteurs des transports comme la RATP ou la SNCF. Ils revendiquent l’abandon d’une réforme qui signerait la fin des régimes spéciaux et dénoncent une réforme floue et indéterminée.


Le 11 décembre, Edouard Philippe a indiqué dans son discours au Conseil Économique, Social et Environnemental, que le système de retraite serait bel et bien modifié “progressivement”. Ainsi, toutes les personnes nées à partir de 1975, verront l’application du nouveau système et ce, dès 2025. Cependant l’ensemble de la cotisation effectuée avant cette période sera traité avec l’ancien système. Les générations nées après 2004 seront totalement soumises au nouveau système. Il a également annoncé la fin des régimes spéciaux remplacés par un système universel. Le discours informe donc sur les grandes lignes de la réforme.


Cependant, la grève continue. Les manifestants revendiquent toujours le fait que cette réforme ne doit pas avoir lieu, que ce soit pour soi-même ou pour les futurs travailleurs. Les étudiants se sont aussi joints au mouvement, notamment une partie des étudiants de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, revendiquant une réforme plus juste.



Une réforme qui touche les étudiants


À Paris 1, des étudiants sont fortement mobilisés. Ils revendiquent le fait que la réforme n'est pas adaptée et qu’il conviendrait de ne jamais l’appliquer. Plus généralement, ils revendiquent aussi une amélioration du service public et une lutte contre la précarité étudiante. De nombreuses assemblées générales informatives sont organisées. Cependant, on observe que la plupart des assemblées doivent se tenir hors des lieux prévus notamment à cause de la fermeture des centres de PMF et René Cassin. Certaines sont organisées sauvagement sur les trottoirs voire dans des cafés. Une tension se crée ainsi entre les étudiants et l’administration de l’université. La situation du centre René Cassin en est une parfaite illustration.


Pour revenir dans le contexte, depuis le lundi 2 décembre, le centre PMF est fermé par l’administration de l’université se justifiant par le principe de sécurité. Une assemblée générale était prévue justement dans ce centre. Elle n’a ainsi pas pu se tenir. Le mardi 3 décembre à 17h, une assemblée générale devait se dérouler au centre René Cassin. Or, à 15h, les étudiants ont été évacués par le retentissement de l’alarme incendie. Le centre Lourcine a empêché tout accès à ces mêmes horaires. L’assemblée générale a été tout de même maintenue aux abords du centre sur un trottoir. On a pu observer une tension de la part des étudiants qui revendiquent l’empêchement du droit de réunion par l’administration de l’université. Lors de cette réunion, on y vote l’occupation du centre René Cassin. On m’indique que la volonté d’occupation n’était pas une volonté étudiante à l’origine mais la fermeture des centres a amené à ces votes. Le lendemain, l’ensemble des centres étaient fermés. Il se passe quelques jours de tension entre les étudiants et l’administration. Le centre PMF restera fermé avec comme motif “des menaces sérieuses d’occupation”. Le climat est donc sous tension et va aboutir à une situation d’occupation du centre René Cassin le 9 décembre.




L’occupation



Le lundi 9 décembre, des étudiants de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont investi le centre René Cassin aux alentours de 7h30 dans le but d’obtenir un droit de réunir une assemblée générale. Le directeur du centre René Cassin ordonne la fermeture du centre. Des vigiles sont mis en place à côté des grilles cadenassées où l’on ne laisse aucun étudiant rentrer. Selon un étudiant, “c’est en fermant le centre que l’administration a provoqué en elle-même l’occupation qui n’était pas notre objectif à l’origine”. L’occupation était alors lancée. Il règne cependant une ambiance calme entre vigiles et “occupants”. Des affiches où il est écrit des slogans tels que “L’administration joue avec le feu” ou “Ceci est un espace de dialogue” sont collées à l’entrée du centre, en réponse aux mails de l’administration envoyés aux étudiants de l’université qui insistent sur la volonté de dialoguer mais qui, par ailleurs, ferment les centres où sont programmées les assemblées générales. La matinée a été rythmée par un drôle de spectacle. De nombreux ouvriers de chantier sont présents sur les lieux dont on justifie la présence par “la réparation de fuite”. En réalité, on retrouve des sorties de secours soudées et cadenassées, ce qui n’est en aucun cas un problème de tuyauterie. La tension continue alors à monter. Aux alentours de midi, alors que les grilles d’entrées étaient fermées et cadenassées, des étudiants parviennent à les ouvrir, laissant entrer de nombreuses personnes qui attendaient devant. Le centre René Cassin est alors sous contrôle étudiant. Aux alentours de 15h, une assemblée générale a lieu où l’on vote l’occupation et sa gestion durant cette situation (ravitaillement, safe-place pour les filles la nuit). On vote aussi l’interdiction de dégrader le centre, ce qui malheureusement ne sera pas respecté par une minorité des étudiants présents. Il y a aussi une volonté d’instaurer René Cassin comme local central de la grève générale pour les étudiants de Paris 1. Plus tard, une assemblée générale interfac se tient sur le site. On me confie qu’il n’en est pas ressorti grand-chose. Dans la soirée, un climat jovial s’installe malgré la présence d’une administration et de vigiles soucieux de ce qu’il va se passer. La nuit se passe presque sans encombre au sein du centre. En effet, un mur a été tagué par une minorité d’étudiants allant à l’encontre de la majorité de ceux présents dans l’assemblée générale de la veille. Le président de l’université, George Haddad est venu dans le centre le matin du mardi 10 décembre pour constater ce qui se passait. Il est parti aux alentours de midi en indiquant aux étudiants “qu’ils seraient plus en sécurité en manifestation que dans le centre”. Un étudiant présent sur le site me raconte que par la suite, un homme d’une trentaine d’années est arrivé vers le site pour leur dire que des policiers se préparaient à intervenir. Inquiet, il décide de sortir pour aller constater par lui-même la présence de ces policiers. Il rentre en courant dans le centre afin de prévenir le chef du centre de la situation. Ce dernier ignorant cette situation demande alors au commissaire si leur présence est bien dirigée vers le centre René Cassin. Ce dernier confirme. Les forces de l’ordre présentes sont des CRS équipés de casques, boucliers et LBD40. L’étudiant interviewé me raconte que par la suite, il a prévenu le plus vite possible l’ensemble des étudiants étant sur le site. Les CRS sont intervenus quand la plupart des étudiants étaient sortis. On peut associer cette intervention policière au fait que la manifestation prévue l’après-midi devait se tenir à proximité du centre. On a eu peur d’un réel regroupement dans le centre, rendant la situation plus compliquée à défaire. C’est alors la fin de l’occupation estudiantine du centre René Cassin.



L’occupation du centre est la démonstration par un certain nombre d’étudiants, de leur volonté d’agir dans cette grève générale. C’est un moyen fort pour faire pression sur le gouvernement. L’investissement d’une université, et notamment de Paris 1, est un acte politique qui peut posséder une grande ampleur. L’occupation a été une manière pour les étudiants de montrer leur colère face à la réforme des retraites et à la précarité étudiante qui les concernent de très près.


Aujourd’hui, on peut affirmer que le discours d’Edouard Philippe n’a pas séduit les manifestants. Comment la grève va-t-elle se terminer du côté des travailleurs mais aussi des plus jeunes alors qu’un climat de tension s’est installé au sein de la société ?


Justine

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