top of page
  • sortiedececours

Le Covid-19 expliqué par une virologue

Le Covid-19 ou Coronavirus n'est pas le premier pathogène auquel fait face l'humanité : pour autant, ces derniers jours une majorité de pays infectés a pris des mesures draconiennes afin de lutter contre ce virus désormais qualifié de pandémie. Les confinements ont été généralisés à l'ensemble des civils et mobilisent les forces de l'ordre afin d’en assurer le respect : les déplacements doivent systématiquement être justifiés, et dans le cas inverse des amendes de plusieurs centaines d’euros sont prévues. Aujourd'hui, le nombre de contaminés dépasse largement les cent-vingts mille personnes dont quatre-vingts mille en Chine. La crise a cependant été traitée différemment selon les pays, souvent sous- estimée : dans les premiers jours, il ne s'agissait que d'une “affaire” chinoise, un virus meurtrier ; puis quand le Covid-19 a dépassé les frontières chinoises on parlait d'une grippe inconnue ; enfin, nous parlons aujourd'hui d'un virus qui serait capable de mettre en échec tous les systèmes de santé du monde, sans parler des dégâts économiques. Cependant, nous trouvons encore trop peu d’informations fiables sur le virus, notamment en raison du flot permanent d’annonces anecdotiques, souvent fausses émergeant un peu partout sur les réseaux. En réalité, nous pouvons associer cela à une méconnaissance généralisée de ce qu'est un virus, et des raisons pour lesquelles le Covid-19 est en particulier aussi dangereux. Pour comprendre les enjeux du coronavirus, j'ai décidé de m'informer auprès de Maria Theresa Reinaga, une virologue de l'université polytechnique de Guayaquil (ESPOL) en fonction à San Diego, Californie. Le docteure Reinaga m'a accordé un entretien qui m'a permis de faire cet article afin de clarifier la situation actuelle, sans pour autant entrer dans des technicismes.


Un virus, de quoi parle-t-on ?


Pour comprendre le comportement du Covid-19 et ses enjeux, nous devons d'abord comprendre ce qu’est le Covid-19 et plus généralement tous les types de virus. Tout d'abord qu'est-ce qu'un virus ? Dans les grandes lignes, un virus est une structure protéique qui peut être composée de génomes qui peuvent se manifester sous deux formes ; l'ADN (Acide Désoxyribonucléique : structure à deux branches) ou l'ARN (Acide Ribonucléique : structure à une seule branche). Quand un virus entre dans un corps, il pénètre certaines cellules et fait multiplier ses génomes. C'est la multiplication de ces génomes qui rend malade notre corps. Ici se pose également la question des mutations : une mutation a lieu lorsqu'une cellule commet une erreur en copiant l'information d'un virus (mais peut avoir lieu sans un virus) et que cette erreur n'est pas corrigée par les cellules. Cette situation arrive de façon aléatoire et peut engendrer des avantages comme des inconvénients pour l'organisme touché (notamment des résistances face à certains traitements). Le Covid-19 a tendance à muter plus souvent en raison de sa structure. En effet, les organismes dont l'information prend la forme d'ADN sont plus stables, alors que ceux formés par une chaîne d'ARN comme le Covid-19 ont une tendance beaucoup plus forte à muter. Il faut tout de même remarquer que ce n'est pas le seul virus à effectuer des mutations : la grippe par exemple est également un virus ARN, ce qui explique pourquoi on peut tomber malade de la grippe, et ce, même si on en est vacciné. Il faut également remarquer que les virus sont immunisés contre les antibiotiques. Aux États-Unis, de nombreux individus ont acheté en grand nombre des antibiotiques en pharmacie pensant qu’ils seraient efficaces en cas de contamination ; ils n’ont malheureusement aucun effet. Enfin, plusieurs mutations du Covid-19 font que l'organisme de certains patients ne peut créer de mémoire d'immunité, les rendant ainsi susceptibles de retomber malades s’ils sont contaminés à nouveau.


Pourquoi est-il aussi contagieux ?


L'une des raisons de la panique généralisée et des mesures draconiennes prises par certains états est la rapide contamination à l’ensemble de la planète dans un laps de temps assez réduit. Cette situation anxiogène pourrait s’expliquer par le fait que c'est la première fois que nous sommes en contact avec cette forme de coronavirus. Les virus comme la grippe ont plus de difficultés à se répandre car nos organismes les connaissent déjà ce qui nous permet de les affronter sans pour autant tomber malade, mais ce n'est pas le cas du Covid-19. Pour mieux comprendre cela, nous pouvons imaginer ce qui se produit dans une zone où on place une espèce étrangère. N'ayant aucun adversaire celle-ci va se multiplier et se répandre sans aucun contrôle, et c'est pour cette raison que l'on parle d'espèces envahissantes. L'origine du virus est également au centre des interrogations ; il proviendrait de la rencontre puis de la fusion de plusieurs virus dans le corps d’une chauve-souris. En effet, les chauves-souris ont un système immunitaire très fort, au point qu'elles peuvent être contaminées par plusieurs virus sans pour autant en être affectées. Ce phénomène se déroule lorsque deux virus différents infectent une même cellule ; pendant que cette dernière copie l’information des deux virus, il se peut qu’elle diffuse cette information aux cellules nouvellement créées : c’est ce qu’on appelle la recombinaison et c’est une des caractéristiques du Covid-19. D'ailleurs, aujourd'hui il existe des méthodes pour prédire l'apparition d'un virus, mais cette forme de coronavirus à laquelle nous faisons face ne pouvait faire l’objet d’aucune prévision. Les virus évoluent par rapport à l’un de leurs génomes : il faut voir cela comme des portes par lesquels ils entrent. Imaginons que les génomes sont des portes que peut traverser le virus pour évoluer ; il va évoluer d’une façon ou d’une autre en fonction de la porte qu’il traverse. La science nous permet d’anticiper par quelle porte il est probable qu’il évolue. Le problème avec le Covid-19 est qu’il sort d’une porte qu’on n’avait pas prévue à l’origine. En Europe, il fait des ravages car c’est au sein des états européens que l’on observe les proportions de personnes âgées les plus élevées au monde sans que les mesures drastiques aient été prises à temps. Par exemple, l’organisation des rassemblements féministes du 8 mars ou encore le maintien des élections municipales ont été des décisions considérées comme des erreurs graves d’un point de vue sanitaire. De même, on reproche à de nombreux gouvernements d’avoir fermé les établissements scolaires trop tardivement, alors même que les enfants représentent un danger particulièrement important concernant la propagation du virus. En effet, les enfants constituent la population la plus susceptible de propager le virus au plus grand nombre car lorsqu’ils sont infectés, leurs symptômes sont beaucoup moins importants et visibles que chez les plus âgés, et le virus passe alors souvent inaperçu.


Le virus est-il aussi grave que l’on entend ?


Même si le virus reste mortel pour un très faible pourcentage de malades, il représente tout de même un danger qui nous concerne tous. Ceux pour qui le virus représente le plus un danger sont les personnes dites “à risque” à savoir les plus de soixante ans et ceux ayant au préalable une maladie chronique, notamment respiratoire comme l'asthme mais aussi d'autres problèmes comme le diabète. Même si la maladie n'est dans la grande majorité des cas pas mortelle, le manque de traitements adéquats fournis à temps pourrait la rendre plus dangereuse pour tous. C'est pour cette raison que dans certains pays, par manque de moyens et de temps, le personnel soignant est parfois condamné à faire des choix, en fournissant plus de soins à certaines personnes, condamnant dans une certaine mesure les autres à la mort. C'est pour cela que l’on cherche à éviter, à tout prix, une augmentation du nombre d'infectés. Cependant on peut remarquer qu'il y a un nombre important de pratiques qui auraient pu permettre d’éviter d'empirer la situation : les “gestes barrières” et le confinement pour toute personne infectée ou susceptible de l’être auraient dû être imposés dès la diffusion du virus hors de Chine. Nous pouvons estimer la mortalité en fonction du nombre d'infectés par mètre carré, mais là encore il faut faire attention ; en effet, le test permettant de savoir si l’on est contaminé coûte très cher et est assez complexe. Beaucoup de gouvernements cherchent donc à éviter de faire passer le test à toute la population car cela coûterait beaucoup trop cher ; c’est ainsi que le nombre de cas confirmés se révèle beaucoup moins important que le nombre réel de personnes infectées. Par ailleurs, les cas confirmés sont souvent ceux présentant les symptômes les plus graves. On peut déduire statistiquement que les lieux où il y aura le plus de cas et surtout le plus de cas graves, seront les lieux où la population est fortement concentrée, avec une part élevée de personnes âgées. Par ailleurs, une personne qui a vaincu le virus peut tout de même en mourir : en effet, quand un système immunitaire vainc un virus, il se fatigue et peut donc laisser passer certaines bactéries dans le corps, et ces bactéries peuvent en retour mettre sa vie en danger car un nombre important de ces bactéries sera désormais insensible aux antibiotiques. Il faut remarquer également que le virus peut mettre en danger la vie de ceux qui ne sont pas considérés comme étant des personnes “à risque”. En effet, le fait d'être jeune ne nous rend pas invulnérables ni aptes à se passer d'un confinement. Enfin, le virus peut laisser des traces permanentes dans les poumons des contaminés, car il les attaque directement.


Quel est le temps d'incubation du virus ?


De deux à quatorze jours, c’est pourquoi on conseille de se confiner au minimum seize jours pour confirmer l’absence d’infection.


Que doit faire une personne contaminée ?


La meilleure option est de s'isoler complètement, même à l'intérieur de chez soi. Par exemple, si une personne vit avec plusieurs individus autour d’elle, il vaut mieux qu'elle s'isole dans sa chambre et qu'elle évite le contact avec les autres, et il serait préférable qu'elle porte un masque pour éviter de contaminer les autres. Il faut par ailleurs savoir que le masque ne sert qu'à éviter de contaminer et non à éviter d'être contaminé. Suite à l'isolement, si la personne est considérée comme étant “à risque” alors il est nécessaire qu’elle contrôle sa température régulièrement, et si les symptômes s'aggravent il faut qu’elle appelle son médecin traitant ; dans le cas inverse, on peut considérer que notre propre système immunitaire peut en venir à bout. Attention, il ne faut pas paniquer même si on fait partie d'un groupe à haut risque.


Un virus peut-il disparaître ?


Un virus, peut disparaître en effet, lorsqu’il n'a plus de cellules à infecter. Sans cellules à infecter, il ne peut se reproduire et donc meurt une fois que son cycle de vie touche à sa fin. En virologie la capacité reproductive d'un virus est appelée fitness ; malgré le fait que le Covid-19 ait un “fort” fitness, il possède une faiblesse : il ne se disperse pas dans l'air, ou plutôt le virus ne reste dans l'air que deux à trois heures, ayant donc un très faible pouvoir de contamination par ce biais. Cela explique donc pourquoi de nombreux gouvernements ont opté pour le confinement : éviter tout contact avec les personnes infectées devrait en théorie suffire à stopper sa propagation. Enfin, le virus ne reste que de deux à six jours au niveau des surfaces non poreuses comme les pommeaux de portes ou les objets en métal par exemple. De plus, nous savons que le virus se transmet au contact direct des muqueuses (bouche, nez et yeux principalement, mais également des blessures). L'une des mesures que l’on pourrait conseiller aux gens serait de désinfecter toute surface qu'ils touchent quotidiennement. Le virus ne peut rien s'il n'est pas chez vous, mais si vous sortez, veillez à désinfecter vos objets personnels comme les clés ou les cartes, en particulier lorsque vous allez travailler ou faire des courses. Enfin, si la population commence à développer des résistances face au virus celui-ci serait voué à disparaître ; mais l’immunité peut également être obtenue grâce à un vaccin.


Pourquoi y a-t-il autant de mensonges sur internet ?


On pourrait les associer majoritairement à la panique, mais il se peut également que ce soit en raison du manque d'informations notamment en provenance de la communauté scientifique. Cette dernière n’étant pas accessible au plus grand nombre et se partageant souvent via des réseaux fermés, au sein même des laboratoires. De plus, plusieurs vérités sont détournées par des groupes politiques pour légitimer certaines de leurs mesures : en Espagne par exemple, de nombreuses forces politiques dénoncent le manque de moyens alloués au budget de la santé. On utilise l'argument selon lequel il aurait fallu prévoir un budget de la santé plus important pour mieux affronter la crise, mais cela n’a aucun sens. Pourquoi ? Les dépenses en santé se divisent en trois catégories : les formations des personnels de santé et leurs salaires, les équipements, les infrastructures et leur entretien. Un système de santé capable de faire face à cette crise serait un système qui dépenserait énormément, quasiment le double de ce qu'on dépense en ce moment. Or, en temps normal on n'a jamais autant de patients donc toutes les infrastructures, les équipements et les médecins qui ne seraient pas mobilisés représenteraient une charge non nécessaire et très handicapante pour l'État. De plus, les gouvernements qui utilisent ces arguments sont conscients de ce biais, et quand ils obtiennent l’accord des élus pour dépenser une somme beaucoup plus importante, ils n’investissent pas dans la santé mais dans d'autres projets qui ne sont parfois pas rentables et qui ne font que creuser le déficit (il peut même arriver qu'elles soient détournées). On observe également d’autres groupes politiques arguant que la crise du coronavirus serait la conséquence du capitalisme ou de la mondialisation, évitant ainsi d’évoquer d’autres facteurs bien plus importants tels que l’influence de la politique chinoise au début de l’épidémie, le manque de mesures préventives en Europe ou encore l'irrespect des consignes de confinements.

L'entretien que j'ai mené m'a ainsi permis de constater le manque de rigueur de la presse sur ce genre de questions mais également l'instrumentalisation d'un fait de société par la classe politique.


Gaël d'Abgrund

36 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
Post: Blog2_Post
bottom of page