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Restez chez vous, et regardez des films !

En ces temps troublés, incertains, et inédits, un seul remède : le cinéma. Evidemment, il n’est pas l’urgent. Les salles ont fermé, et puis, le plus important, aujourd’hui, c’est la santé. On espère d’ailleurs que vous allez bien. Mais si vous allez bien, alors peut-être que vous vous ennuyez. Alors, à votre attention, voici nos conseils de films à voir, à revoir, à découvrir pendant (et même après) ce confinement. Evidemment, il n’est pas question ici de vous conseiller des métrages disponibles pour 15€ à la Fnac, ou bien de vous orienter vers une énième plateforme de streaming à 10€ le mois. Non, ici, on va vous parler de films gratuits, à condition d’une connexion internet et d’un support de diffusion (ce que vous avez probablement, si vous lisez cet article). On va vous parler des films disponibles sur YouTube, Vimeo, Dailymotion… à travers trois moments de cinéma bien distincts. Il va sans dire que cette sélection est évidemment restrictive, et nous vous invitons à dénicher vous- même les nombreuses pépites trouvables en ligne, parmi les nombreux réalisateurs (Bergman, Lang, Hitchcock…) dont nous ne parlerons pas ici.


Le cinéma des débuts


Premier moment des œuvres disponibles dont nous allons parler : le cinéma des débuts, des pionnier-es. De nombreux courts métrages, des moyens-métrages, avec entre autres l’Entrée d’un train en Gare de la Ciotat de Louis Lumières et Le Voyage dans la Lune de Méliès. Classiques. Mais dans cette prétendue hégémonie masculine du cinéma des débuts, on aimerait surtout vous présenter Alice Guy. Peu à peu réhabilitée (le numéro des Cahiers du Cinéma de l’année dernière consacré aux grandes réalisatrices lui rendait justice, par exemple), son nom a été bien trop longtemps oublié, boudé, surtout quand on compare le traitement qu’elle a subi avec celui de ses collègues masculins précédemment cités dont les noms vous évoquent forcément quelque chose. Nous vous partageons donc une playlist qui regroupe certaines de ses mille (!) réalisations, ainsi qu’un article du Monde qui lui est dédié. De quoi rattraper une paresse misogyne des historiens du cinéma. Parmi tout ce travail, nous retenons, pour l’anecdote, le curieux et court Alice Guy tourne une phonoscène qui n’est autre que le tout premier making-of de l’histoire du cinéma, rien que ça.


Article du Monde : https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/12/la-cineaste-alice-guy-pres-de-mille-films-et-cent-ans-d-oubli_5498658_4415198.html



 

Cinéma soviétique

Autre cinéma essentiel et particulièrement présent sur Internet : le cinéma soviétique. Sans déchiffrer le russe, il vous sera difficile de progresser sur la chaîne YouTube du mythique studio Mosfilm, résultante de la nationalisation des principales sociétés de production après la Révolution de 1917 et à l’origine de la plupart des grands chefs-d’œuvre soviétiques, mais sachez que son catalogue (en HD et sous-titré) est généreux. Avec l’apport d’autres chaînes, vous devrez facilement trouver les films d’Eisenstein, véritable père du montage, et réalisateur d’œuvres de propagande encore aujourd’hui citées parmi les films les plus importants de l’histoire du cinéma (on vous conseille La Grève et Le Cuirassé Potemkine, tous deux sortis en 1925). Autre pierre angulaire du cinéma soviétique, l’expérimental Homme à la Caméra de Dziga Vertov (1929), qui s’essaye à de nombreuses techniques cinématographiques encore inconnues, inventant là un nouveau langage qui semble aujourd’hui totalement acquis, et véritable manifeste du mouvement du kino-pravda, ou « ciné-vérité » qui s’évertue à présenter la réalité, et à la souligner par les outils propres au cinéma. De nombreuses versions sont trouvables assez facilement. Enfin, s’il fallait vous présenter un dernier réalisateur soviétique, et pas des moindres, il faudrait parler d’Andreï Tarkovski. Il arrive bien plus tardivement dans l’histoire soviétique, et ses rapports avec le pouvoir sont tout autres, s’éloignant dès son deuxième film des considérations propagandistes alors attendues, et quittant à la fin des années 1970 l’URSS où ses films sont censurés et où les financements lui sont refusés. Aujourd’hui, son œuvre (sept longs-métrages, et trois courts) métaphysique et contemplative, à l’esthétique si unique, est à redécouvrir intégralement sur YouTube, et on ne saurait trop vous conseiller de vous y plonger.


Pour trouver les films de Tarkovski : https://russie.fr/films-tarkovsky-en-ligne (note : le lien indiqué pour Stalker renvoie en fait à Nostalghia. Il nous fallait résoudre ce problème, Stalker étant le meilleur film de Tarkovski. Voici donc : https://www.youtube.com/watch?v=TGRDYpCmMcM&t=999s)


 

La Nouvelle Vague


Fierté française (ou source d’ennui, c’est selon), la Nouvelle Vague, courant cinématographique qui émerge à la fin des années 1950, a marqué à jamais le cinéma français par ses innovations esthétiques et thématiques. Elle a instauré une autre façon de faire des films, en rupture avec la « qualité française » d’avant que fustige François Truffaut dans son célèbre article de 1954 « Une certaine tendance du cinéma français » dans les Cahiers du Cinéma. Vous l’aurez compris, les réalisateurs de la Nouvelle Vague étaient avant tout des journalistes, des critiques, et il est aussi essentiel, pour appréhender ce mouvement, de lire les « jeunes turcs » (tels qu’ils étaient surnommés) que de voir leurs films. Parmi eux, Truffaut, donc, mais aussi Godard, Rohmer, et Rivette. Mais revenons-en aux films. Il est plus compliqué de trouver nombre de ceux-ci, mais voici quelques indications. Tout d’abord, l’un des films fondateurs de la Nouvelle Vague, à savoir Paris Nous Appartient de Jacques Rivette, est disponible sur YouTube. C’est évidemment à voir. Ensuite, et on fait un bon de plus de dix ans en avant, le cultissime La Maman et la Putain, de Jean Eustache, trouve lui aussi sa place sur la plateforme vidéo. Il est intéressant de visionner les deux œuvres tant cette seconde est considérée comme une sorte d’aboutissement de la Nouvelle Vague, un film somme, presque le film que les « jeunes turcs » avaient théorisé vingt ans plus tôt. Aussi, et dans un tout autre style, il sera pertinent de s’intéresser au cinéma politique de Jean-Luc Godard, l’un des cinémas les plus riches et difficiles à appréhender. On se tournera ici vers Vimeo pour voir La Chinoise, Tout va bien et enfin Le Vent d’Est, le dernier étant revendiqué par le groupe Dziga Vertov auquel appartenait Godard (vous savez à présent à qui le nom renvoie) et qui, au lendemain de l’année 1968, s’essayait à une autre forme de cinéma, un cinéma politisé, libéré de la bourgeoisie et des formes traditionnelles de hiérarchie. Bref, du Godard, et c’est passionnant. Enfin, et nous tenions à le mentionner, le cinéma allemand a connu lui aussi un « Nouveau Cinéma », inspiré de cette Nouvelle Vague, et représenté par des réalisateurs comme Herzog, Fassbinder ou Wenders. Et là, il y a un film que nous avons la chance de pouvoir voir sur YouTube, le magnifique Aguirre, la Colère de Dieu, de Werner Herzog. A voir.


« Une certaine tendance dans le cinéma français », Truffaut : http://nezumi.dumousseau.free.fr/trufcahier.htm




Aguirre, la colère de Dieu, Herzog (le sous-titrage est en anglais) : https://www.youtube.com/watch?time_continue=1785&v=5ptjYvCVq3w&feature=emb_logo


On espère que cette sélection vous plaira, vous donnera envie d’en voir plus, d’en découvrir d’avantage, et on vous donne rendez-vous après le confinement et à la réouverture des salles de cinéma !


Baptiste Demairé

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